Cette rentrée 2025 s’annonce particulièrement difficile pour les franciliens qui utilisent les transports en commun. Entre les nombreux chantiers de modernisation, les grèves annoncées et les fermetures nocturnes, c’est un véritable casse-tête qui attend les 9 millions d’usagers quotidiens des transports franciliens. Le RER B fermé tous les soirs à partir de 22h45, la ligne H perturbée par les travaux de Saint-Denis, et des grèves massives prévues les 10 et 18 septembre : voici le panorama peu réjouissant de cette rentrée francilienne.

Le RER B, symbole de la galère francilienne
Le RER B cristallise toutes les difficultés des transports franciliens en cette rentrée 2025. Du lundi 25 août au vendredi 10 octobre, la ligne est interrompue tous les soirs à partir de 22h45 entre Gare du Nord et Aéroport Charles de Gaulle 2-TGV/Mitry-Claye. Cette interruption nocturne récurrente exaspère les usagers depuis des années.
Sur les réseaux sociaux et les sites dédiés, les témoignages de ras-le-bol s’accumulent. Un usager s’indigne : “cela fait 4 ans que les travaux de nuit durent, imaginez-vous cette gêne quotidienne !”. Un autre ajoute : “c’est pitoyable ! je veux concrètement savoir qu’est-ce qui se passe lors de chaque fermeture, car on ne voit aucun changement”.
Les week-ends ne sont pas épargnés. Le 13-14 septembre et le 27-28 septembre, c’est toute la journée que la circulation sera interrompue sur certains tronçons. Les usagers doivent alors se rabattre sur des bus de remplacement bondés, avec des temps de trajet considérablement allongés.
La ligne H dans le chaos des travaux de Saint-Denis
La ligne H du Transilien connaît également des perturbations majeures en septembre et octobre 2025. Les travaux de construction d’une passerelle à Saint-Denis (Franchissement Urbain de Pleyel) imposent des interruptions récurrentes.
En septembre, la circulation est interrompue en semaine en fin de soirée entre Paris-Nord et Pontoise (dernier train à 22h41 depuis Paris-Nord). Les week-ends des 20 septembre et 27-28 septembre voient également des interruptions totales sur plusieurs tronçons.
Ces travaux s’inscrivent dans le cadre du développement urbain autour de Saint-Denis, mais ils pèsent lourd sur le quotidien des usagers de cette ligne très fréquentée qui dessert notamment la banlieue nord de Paris.

La ligne L : perturbations massives vers l’ouest francilien
La ligne L n’échappe pas aux difficultés. Du 1er au 30 septembre, la circulation est interrompue chaque soir à partir de 22h10 entre La Défense et Saint-Nom-la-Bretèche ainsi qu’entre La Défense et Versailles Rive Droite.
Les week-ends des 13-14, 20-21 et 27-28 septembre sont particulièrement touchés avec des interruptions toute la journée entre Suresnes Mont-Valérien et Saint-Nom-la-Bretèche. Les usagers doivent composer avec un service de bus de remplacement et des lignes régulières renforcées.
Cette situation affecte particulièrement les habitants des Yvelines qui dépendent de cette ligne pour rejoindre Paris et La Défense.
Grèves en vue : 10 et 18 septembre dans le viseur
Comme si les travaux ne suffisaient pas, deux dates de grève majeures se profilent en septembre 2025. Le 10 septembre d’abord, avec un mouvement lancé par le collectif “Bloquons tout” et soutenu par SUD-Rail et la CGT Cheminots.
Plus inquiétant encore, le 18 septembre s’annonce comme une journée de grève massive. Les quatre syndicats majoritaires de la RATP (CGT, FO, Unsa Mobilité et CFE-CGC) appellent à un arrêt de travail pour protester contre le projet de budget 2026. Cette mobilisation pourrait paralyser métros, RER, bus et tramways dans toute l’Île-de-France.
Cette grève s’inscrit dans un mouvement national de contestation des mesures d’austérité du gouvernement, avec notamment la suppression de jours fériés et la diminution de la prise en charge des frais médicaux.
L’été était déjà difficile pour les franciliens
Cette situation de septembre 2025 s’inscrit dans la continuité d’un été déjà compliqué pour les usagers franciliens. Une usagère témoigne : “Pendant les JO c’était le bonheur. Là au quotidien, il faut faire un brainstorming pour planifier ses trajets”.
Les fermetures estivales ont concerné de nombreuses lignes : la ligne 12 du métro entre Montparnasse-Bienvenüe et Mairie d’Issy, les stations Gabriel Péri et Pernety sur la ligne 13, ou encore la station Cambronne fermée jusqu’au 28 septembre.
Un jeune actif de l’Essonne témoigne : “On est vraiment négligés, les gens qui travaillent en août, c’est fatigant, déjà que toute l’année, il y a des problèmes sur la ligne C”.

Des solutions alternatives qui se développent
Face à cette situation, les franciliens cherchent des alternatives. Les aides à l’achat de vélos électriques se multiplient : la ville de Paris propose jusqu’à 400€ de subvention (50% du prix d’achat) pour les résidents aux revenus modestes. L’Île-de-France ajoute ses propres aides, allant jusqu’à 600€ pour un vélo cargo électrique.
Ces dispositifs s’inscrivent dans une politique plus large de transition vers la mobilité verte. La région prévoit également la création d’une cinquantaine de lignes de cars express d’ici 2030 pour relier les banlieues entre elles. Ces “RER sur route” circuleront sur des voies dédiées avec très peu d’arrêts.
Le développement du télétravail constitue aussi une alternative pour certains salariés. 36% des actifs franciliens télétravaillent au moins une fois par semaine, ce qui contribue à réduire la pression sur le réseau aux heures de pointe.
Un réseau sous tension depuis des années
Cette situation critique ne date pas d’hier. Entre 2000 et 2019, la fréquentation annuelle du réseau RER et Transilien a augmenté de 35%, celle du métro de 20% et celle du réseau de surface de 51%. Mais l’offre n’a pas suivi cette croissance, créant une situation de saturation chronique.
Les suppressions de trains ont été multipliées par sept sur le RER B. Sur le RER D, l’association SaDur recense qu’en novembre 2023, une seule journée s’est déroulée correctement avec moins de 10 trains supprimés, tandis que pendant 13 jours “noirs”, plus de 50 trains ont été annulés.
Cette dégradation du service intervient paradoxalement alors que les prix ne cessent d’augmenter : +12% en 2023 pour le pass Navigo, puis encore +2,7% en janvier 2024.
L’impact des Jeux Olympiques : un goût d’inachevé
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 avaient montré qu’un autre fonctionnement était possible. 81% des franciliens qui ont utilisé les transports pour se rendre sur un site olympique se disent satisfaits de l’expérience. Cette réussite temporaire a même donné envie à 71% d’entre eux d’utiliser plus souvent les transports en commun.
Mais le retour à la “normale” post-JO a été brutal. La fréquentation du mass transit francilien a quasiment retrouvé son niveau de 2019 (98%), mais les problèmes structurels persistent. Les usagers ont gardé un goût amer de cette période où tout fonctionnait mieux.
Conclusion : patience et alternatives obligatoires
Cette rentrée 2025 illustre parfaitement le paradoxe francilien : une région qui investit massivement dans la modernisation de ses transports mais qui peine à maintenir la qualité de service au quotidien. Les 4 milliards d’euros d’investissements prévus en 2025 par Île-de-France Mobilités témoignent de cette ambition, mais les usagers en paient le prix fort.
En attendant l’amélioration promise avec l’arrivée des nouveaux trains plus capacitaires (prévue dans environ deux ans pour le RER B) et les extensions du Grand Paris Express, les franciliens n’ont d’autre choix que de s’armer de patience et d’explorer les alternatives : vélo électrique, télétravail, adaptation des horaires…
Cette situation soulève aussi des questions plus larges sur l’équilibre entre modernisation nécessaire et continuité de service, dans une région où la mobilité conditionne l’emploi et la qualité de vie de 12 millions d’habitants.
Cet article s’appuie sur les données officielles de la RATP, de la SNCF, d’Île-de-France Mobilités, ainsi que sur de nombreux témoignages d’usagers et analyses d’experts en mobilité francilienne. Les informations proviennent notamment des sites spécialisés maligneb.fr, transilien.com et sortiraparis.com, ainsi que d’études de l’Institut Paris Région.