
Alors qu’ils étaient censés représenter l’alternative abordable par excellence, les logements des résidences universitaires CROUS subissent une flambée des prix qui met en difficulté des milliers d’étudiants déjà en précarité. Entre hausses successives et saturation du parc, le rêve du logement étudiant accessible tourne au cauchemar.
Les tarifs CROUS s’envolent : +3,26% en 2025
Fini le temps où les résidences CROUS étaient synonymes de loyers plancher. Pour la rentrée 2025, la majorité des centres régionaux ont voté une hausse générale de 3,26% des loyers. Concrètement, cela se traduit par des augmentations de 12 à 20 euros par mois selon les régions.

À Paris, cette hausse représente environ 12 euros mensuels supplémentaires, soit près de 144 euros de plus sur l’année. À Reims, les étudiants devront débourser 15 euros de plus par mois, tandis qu’à Bordeaux, l’augmentation atteint 13 euros mensuels pour les logements conventionnés.
Cette décision met fin définitivement au gel des loyers instauré en 2020 pendant la crise sanitaire. Les CROUS justifient cette hausse par la nécessité d’“assurer la maintenance des bâtiments et préserver le modèle économique” face aux coûts croissants.
Une précarité étudiante qui explose
Ces augmentations arrivent dans un contexte où la précarité étudiante n’a jamais été aussi importante. Selon l’étude Linkee 2025, 78% des étudiants disposent de moins de 100 euros par mois une fois leurs charges payées. Plus alarmant encore : plus de la moitié vivent avec moins de 50 euros de reste mensuel, soit moins d’1,67 euros par jour.

Le logement représente déjà 70% en moyenne du budget étudiant, et cette proportion ne cesse d’augmenter. Dans certaines villes comme Lille, 30% des étudiants sont mal logés, confrontés à la précarité énergétique, aux moisissures et aux nuisibles.
Pour beaucoup, l’augmentation des loyers CROUS signifie des repas sautés, des soins reportés et des conditions de vie dégradées. L’association Union étudiante dénonce : “ce sont des étudiant·es qui vont sauter encore plus de repas, qui ne vont plus recourir à certains soins”.
Un parc CROUS saturé et insuffisant
Le problème ne se limite pas aux tarifs. Avec seulement 174 000 places pour 3 millions d’étudiants dont 679 000 boursiers, les résidences CROUS ne logent que 8% des étudiants et 33% des boursiers.
La demande explose : le nombre d’étudiants a augmenté d’environ 10% alors que le nombre de logements n’a progressé que de 2%. À Lille, il y a désormais un logement CROUS pour 20 étudiants, contre une moyenne nationale déjà faible de 1 pour 16.
Face à cette pénurie, de nombreux étudiants se tournent vers le parc privé où les prix atteignent des sommets : 838 euros en moyenne pour un studio à Paris, 520 euros à Lille pour 15m². Des montants qui représentent souvent plus de 100% des revenus étudiants.
Des tarifs qui restent “sociaux” mais de plus en plus chers
Malgré les hausses, les CROUS maintiennent que leurs tarifs restent “sociaux”. À Toulouse, les loyers démarrent à 217,35 euros, à Bordeaux la moyenne est de 260 euros pour une chambre. Des montants effectivement inférieurs au marché privé, mais qui deviennent problématiques quand les revenus étudiants stagnent.
Les organisations étudiantes pointent également la baisse des APL pour de nombreux étudiants, réduisant l’effet d’amortissement espéré. À Bordeaux, un représentant UNEF explique : “selon eux, le reste à charge serait d’un ou deux euros. Mais sans compter les APL, l’augmentation est plutôt de l’ordre de 13 euros par mois”.
Résistances et mobilisations
Ces hausses ne passent pas inaperçues. À Montpellier, le Syndicat de Combat Universitaire (SCUM) a interrompu le conseil d’administration du CROUS pour empêcher le vote d’augmentation. L’organisation dénonce que “les conditions de vie des étudiants se dégradent de plus en plus”.
Les oppositions sont vives dans toute la France. L’Union étudiante qualifie ces augmentations de “honte”, tandis que l’UNEF évoque un “passage en force”. Pour ces organisations, “cela ne devrait jamais être aux étudiant·es, appauvri·es sans cesse depuis 2017, de mettre la main au portefeuille”.
L’impossible équation du logement étudiant
Le logement étudiant français traverse une crise structurelle majeure. D’un côté, des coûts d’entretien et de construction qui explosent, de l’autre, une population étudiante de plus en plus précaire. Les résidences CROUS, censées être le filet de sécurité du logement étudiant social, peinent à remplir leur mission d’accessibilité.
Avec des budgets étudiants moyens de 685 euros par mois charges comprises et des loyers qui grimpent partout, l’équation devient impossible. Résultat : un étudiant sur dix a dormi dans la rue ou dans son véhicule durant les douze derniers mois, et un quart envisagent d’arrêter leurs études faute de moyens.
La hausse des tarifs CROUS, même justifiée par des impératifs de maintenance, symbolise l’abandon progressif du logement étudiant social. Quand même les résidences publiques deviennent inabordables, c’est tout un modèle de démocratisation de l’enseignement supérieur qui vacille.
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