L’été 2025 n’aura pas été de tout repos pour la classe politique française. Alors que François Bayrou tente tant bien que mal de maintenir son gouvernement à flot, Jean-Luc Mélenchon sort l’artillerie lourde. Le leader de La France insoumise vient de lancer un appel retentissant dans La Tribune Dimanche : il faut faire tomber le gouvernement, et vite.
Le plan d’attaque de Mélenchon : double offensive parlementaire et populaire
Dans son texte publié le 17 août, cosigné avec plusieurs responsables LFI dont Mathilde Panot et Manuel Bompard, Mélenchon ne mâche pas ses mots. “Il faut renvoyer François Bayrou et son gouvernement, tout de suite” face à un projet de budget qu’il qualifie de “dévastateur”.
La stratégie insoumise mise sur une double approche : d’un côté une motion de censure immédiate dès la reprise parlementaire, de l’autre un soutien total au mouvement “Bloquons tout” prévu pour paralyser le pays le 10 septembre. Pour Mélenchon, les deux tactiques “doivent aller de pair, car faire l’un sans l’autre est vain ou bien incertain”.
“Bloquons tout” : la France à l’arrêt le 10 septembre ?
Le mouvement “Bloquons tout”, né sur les réseaux sociaux, ambitionne rien de moins qu’un “arrêt total et illimité du pays” à partir du 10 septembre. Inspiré par les méthodes des Gilets jaunes, ce collectif autoproclamé “apolitique” appelle au boycott généralisé : ne plus travailler, ne plus consommer, retirer l’argent des banques, garder les enfants à la maison.
Les origines du mouvement
Paradoxalement, ce mouvement désormais soutenu par l’extrême gauche trouve ses racines dans une mouvance conservatrice. Il a émergé d’une vidéo TikTok publiée par le compte “Essentiels”, une organisation réclamant “une France souveraine” attachée aux “racines chrétiennes”. Mais très vite, d’anciennes figures des Gilets jaunes et des contestataires de tous bords s’en sont emparés.
Des méthodes inspirées des piqueteros argentins
Les stratégies envisagées ne manquent pas d’ambition. Certains groupes préconisent de bloquer les périphériques des grandes villes pour paralyser l’économie, s’inspirant des méthodes des piqueteros argentins des années 1990. L’idée : quelques centaines de personnes suffisent pour créer des dizaines de kilomètres de bouchons et mettre une agglomération entière à l’arrêt.
L’exécutif face à la tempête
Cette offensive intervient dans un contexte politique déjà explosif. François Bayrou, qui a succédé à Michel Barnier après sa censure en décembre 2024, navigue entre les écueils d’une Assemblée où aucune majorité ne se dégage. Son projet budgétaire, notamment la suppression de deux jours fériés, cristallise déjà les oppositions.
Du côté du pouvoir, on surveille attentivement ce “mouvement viral” tout en minimisant ses capacités de mobilisation physique. Mais l’adhésion de LFI change la donne : Jean-Luc Mélenchon apporte à “Bloquons tout” sa capacité de mobilisation et sa machine politique.
Une stratégie rodée depuis 2024
Cette offensive n’est pas inédite pour Mélenchon. Déjà en septembre 2024, il avait organisé des manifestations massives contre ce qu’il appelait “le coup de force de Macron” après la nomination de Michel Barnier. Plus de 110 000 manifestants avaient défilé dans près de 150 communes, avec des banderoles réclamant la destitution du président.
À l’époque, Mélenchon proclamait déjà : “Le peuple français est en rébellion, il est entré en révolution” et appelait à “une lutte de longue durée”. Une rhétorique qu’il recycle aujourd’hui face à Bayrou.
Les risques de l’escalade
Cette stratégie de l’escalade comporte ses dangers. Le mouvement “Bloquons tout”, par sa nature éclatée et son origine ambiguë, peut échapper au contrôle de ses soutiens politiques. Le sociologue Jean Viard y voit “un mouvement spontané, désorganisé, exclusivement numérique et alimenté par des réseaux complotistes” dont les revendications sont parfois contradictoires.
Pour Mélenchon, le pari est risqué mais l’enjeu crucial : réussir là où les manifestations de 2023 contre la réforme des retraites ont échoué, en paralysant réellement l’économie française. Le 10 septembre dira si cette alliance hétéroclite entre insoumis et contestataires “antisystème” peut faire plier un pouvoir déjà fragilisé.
Conclusion : l’heure de vérité approche
Avec cette offensive pour le 10 septembre, Jean-Luc Mélenchon joue gros. En s’alliant au mouvement “Bloquons tout”, il tente de fédérer toutes les colères contre Emmanuel Macron et François Bayrou. Reste à savoir si cette stratégie du chaos contrôlé permettra réellement de faire tomber le gouvernement ou si elle ne fera qu’ajouter de l’instabilité à une situation déjà explosive. La rentrée politique s’annonce en tout cas particulièrement mouvementée, avec cette date du 10 septembre qui pourrait marquer un tournant décisif dans le quinquennat de Macron.
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