François Bayrou s’apprête à vivre l’un des moments les plus cruciaux de sa carrière politique ce lundi 25 août à 16h. Cette conférence de presse intervient dans un contexte explosif où le Premier ministre fait face à une triple menace : un mouvement de blocage national prévu le 10 septembre, des motions de censure qui se profilent dès la rentrée parlementaire, et un budget à 44 milliards d’économies qui divise jusqu’au sein de son propre camp.

Le moment de vérité pour Bayrou
Après avoir passé l’été à essayer de convaincre les Français via sa chaîne YouTube “FB Direct” (avec un succès plutôt mitigé, soyons honnêtes), François Bayrou sort aujourd’hui l’artillerie lourde. Cette conférence de presse représente son grand oral, sa dernière chance de redresser la barre avant que la situation politique lui échappe complètement.
Depuis qu’il a présenté son plan budgétaire le 15 juillet dernier – celui avec la fameuse suppression de deux jours fériés qui a fait bondir tout le monde -, le locataire de Matignon navigue à vue dans des eaux particulièrement troubles.
Un budget qui fait grincer toutes les dents
Les 43,8 milliards d’euros d’économies prévus par Bayrou constituent selon lui un effort sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Le package comprend des mesures particulièrement impopulaires :
- L’année blanche fiscale : gel des pensions de retraite et des prestations sociales
- La suppression de deux jours fériés : le lundi de Pâques et le 8 mai (rejetée par 84% des Français selon un sondage Odoxa)
- Le gel des dépenses de l’État
- La suppression de 3000 postes dans la fonction publique
L’ambiance est tellement délétère que même dans son propre gouvernement, les critiques fusent. Un conseiller ministériel a carrément déclaré à BFMTV : “La meilleure chose qui peut nous arriver, c’est la censure”.

Le spectre du 10 septembre plane sur Matignon
Le mouvement “Bloquons tout” prévu pour le 10 septembre prend une ampleur considérable. Jean-Luc Mélenchon a appelé à “la grève générale”, transformant ce qui était initialement un appel citoyen sur les réseaux sociaux en véritable menace politique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon un sondage RTL-Harris Interactive, 63% des Français adhèrent au mouvement de blocage, et 58% sont favorables à “bloquer le pays” le 10 septembre. Une mobilisation qui rappelle étrangement les débuts du mouvement des Gilets jaunes en 2018.
L’hallali des oppositions
Du côté politique, c’est l’union sacrée… contre Bayrou :
- La France Insoumise annonce une motion de censure dès le 23 septembre, premier jour de la session parlementaire
- Le Parti Socialiste a durci le ton : “censure directe et immédiate” selon Pierre Jouvet, abandonnant sa traditionnelle prudence
- Le Rassemblement National fait monter la pression en menaçant de “la censure” si le Premier ministre ne recule pas sur ses propositions
Même les syndicats s’organisent. Sud-Rail a déjà appelé à faire “grève massivement” le 10 septembre, tandis qu’une intersyndicale doit se réunir le 1er septembre pour coordonner l’agenda militant de la rentrée.
L’international observe la crise française
Les médias étrangers ne s’y trompent pas et scrutent avec attention cette crise politique inédite. La BBC titre que Bayrou fait face à des “risques de censure” majeurs et compare la situation aux heures les plus sombres de la IVe République. RFI évoque un “quitte ou double sur le budget”, tandis que TV5Monde parle de Bayrou qui “entre dans le dur”.
Cette instabilité chronique ternit l’image internationale de la France, déjà fragilisée par la popularité d’Emmanuel Macron qui stagne sous les 25%.
La stratégie de la dernière chance
Face à cette tempête parfaite, Bayrou mise tout sur la pédagogie et le dialogue. Il a convoqué tous ses ministres à 15h30, juste avant sa conférence de presse, pour “accorder les violons” et éviter tout couac gouvernemental. Un signe révélateur : certains membres du gouvernement n’étaient même pas au courant de cette prise de parole.
Dans le Journal du Dimanche, le Premier ministre a même évoqué la possibilité d’un référendum sur “un plan d’ensemble” pour réduire les déficits publics. Une proposition inédite qui témoigne de son isolement politique et de sa recherche désespérée de légitimité démocratique.
Une survie politique en question
Cette conférence de presse pourrait bien être l’une des dernières de François Bayrou en tant que Premier ministre. Comme le résume un proche du chef du gouvernement cité par La Tribune du Dimanche : “Le plus probable est que l’on tombe”. Un diagnostic peu optimiste mais probablement réaliste au vu des rapports de force actuels.
Entre le mouvement du 10 septembre qui promet de paralyser le pays et les motions de censure qui se profilent pour la fin septembre, l’homme au béret navigue en eaux plus que troubles. Sa capacité à convaincre cet après-midi déterminera largement la suite de sa trajectoire politique et celle du gouvernement.
La France politique retient son souffle avant ce qui pourrait être un tournant majeur de la Ve République.