Derrière les success stories médiatisées se cache une réalité bien plus sombre. Alors que les plateformes comme OnlyFans et MYM promettent l’indépendance financière, la majorité des créatrices débutantes se retrouvent piégées dans un système qui les exploite. Entre revenus dérisoires, agences douteuses et pression psychologique, découvrons les véritables dangers qui menacent ces jeunes femmes vulnérables.

Des revenus qui ne couvrent même pas le SMIC
La réalité des chiffres est implacable : la plupart des créatrices gagnent entre 150 et 180 dollars par mois, soit environ 140 à 170 euros mensuels. Loin des 20 000 euros promis par les recruteurs, ces montants ne permettent même pas de couvrir les frais de base.
Sur OnlyFans, qui compte 4,19 millions de créateurs, seule une infime minorité parvient à dégager des revenus décents. 84% des créateurs sont des femmes, souvent jeunes et en situation précaire : étudiantes, chômeuses ou mères célibataires. Ces profils vulnérables sont particulièrement ciblés par les “recruteurs” qui leur font miroiter un avenir doré.
Comme l’explique une étudiante interrogée : “Je pensais pouvoir payer mes études facilement, mais au final je galère toujours autant financièrement”. Le piège se referme rapidement quand on réalise que la plateforme prélève déjà 20% de commission, avant même l’intervention d’éventuelles agences.

L’engrenage de la surenchère et de la dégradation
Pour survivre dans cet univers ultra-concurrentiel, les créatrices sont poussées à aller toujours plus loin. Ce qui commence par des “photos innocentes” de pieds évolue rapidement vers du contenu de plus en plus explicite.
“On commence en disant qu’on va montrer des photos de ses pieds (…) Mais très vite la concurrence est telle que pour percer, il faut aller toujours plus loin, montrer des contenus toujours plus trash”, témoigne une créatrice interrogée par les médias.
Cette escalade n’est pas un choix libre mais une nécessité économique. Les algorithmes favorisent les contenus les plus “engageants”, poussant mécaniquement vers la surenchère. Les créatrices se retrouvent prisonnières d’une logique où refuser certaines demandes signifie perdre des abonnés et donc des revenus déjà maigres.
Les agences prédatrices : des proxénètes 2.0
Derrière le terme d'”agence” se cachent souvent des opportunistes et des proxénètes qui exploitent la naïveté des jeunes femmes. Ces structures promettent monts et merveilles mais prélèvent jusqu’à 50 à 70% des revenus, en plus des 20% déjà pris par la plateforme.
L’histoire de Christine, 27 ans, illustre parfaitement ce mécanisme d’exploitation. Contactée sur TikTok par un “agent” mielleux, elle s’est retrouvée dépossédée de ses comptes et de ses revenus. “Il a changé mes codes, je n’avais même plus accès à mon Instagram ou mon TikTok (…) Je me rends compte que j’étais sa poule aux œufs d’or”.
Ces prédateurs utilisent des techniques de manipulation classiques : flatterie, promesses de gains mirabolants, puis prise de contrôle progressive. Ils ciblent particulièrement les jeunes femmes fragiles, ayant des parcours chaotiques ou une estime de soi dégradée.

L’impact psychologique dévastateur
Plus de 80% des créatrices ressentent des symptômes de burnout, selon une étude récente. Cette proportion alarmante s’explique par la pression constante exercée par ces plateformes.
Les témoignages se multiplient : “Je pleure tous les jours”, confie une créatrice épuisée. La dépendance aux statistiques, l’obsession des likes et la peur de l’invisibilité créent un cercle vicieux destructeur.
“L’algorithme rythme leurs pics de stress”, note un spécialiste. Les créatrices développent une anxiété chronique liée aux changements d’algorithme, à la baisse d’audience ou aux demandes de plus en plus intrusives des abonnés.
Les troubles alimentaires et la dysmorphie corporelle sont également fréquents, alimentés par la comparaison constante et la pression de correspondre aux attentes de l’audience.
Le piège de la stigmatisation et de l’isolement
Au-delà des aspects financiers, ces plateformes créent un isolement social progressif. Les créatrices témoignent de ruptures familiales et de jugements sociaux qui compliquent leur reconversion professionnelle future.
“C’est très tabou, il y a très peu de témoignages”, explique une journaliste spécialisée. Cette omerta empêche les victimes de parler et perpétue le système d’exploitation. Les jeunes femmes se retrouvent seules face à leurs difficultés, sans réseau de soutien ni possibilité de faire machine arrière facilement.
Des portes d’entrée vers la prostitution
Les experts s’accordent à dire que ces plateformes constituent souvent des portes d’entrée vers la prostitution. La frontière entre contenu payant en ligne et rencontres physiques s’amenuise progressivement, sous la pression financière et les demandes insistantes de certains “clients”.
Les jeunes femmes les plus vulnérables, déjà fragilisées psychologiquement et financièrement, deviennent des proies faciles pour des réseaux plus organisés de proxénétisme traditionnel.
Conclusion : un système qui broie les plus fragiles
Les plateformes comme OnlyFans et MYM ne sont pas les eldorados financiers promis dans leur communication. Pour la grande majorité des créatrices, notamment les débutantes, elles représentent au contraire un piège économique et psychologique aux conséquences dramatiques.
Derrière les quelques success stories médiatisées se cache une réalité faite d’exploitation, de précarité et de détresse psychologique. Les jeunes femmes les plus vulnérables payent le prix fort d’un système conçu pour enrichir les plateformes et leurs intermédiaires, pas les créatrices.
Il est urgent de sensibiliser sur ces dangers et de protéger les plus fragiles contre ces nouveaux prédateurs du numérique. Comme toujours chez çadiquoi, nous continuerons à décrypter ces phénomènes pour vous aider à y voir plus clair.
Statistiques OnlyFans 2024-2025 : revenus moyens des créatrices (150-180$/mois), répartition démographique (84% de femmes créatrices), étude sur le burnout des influenceurs : plus de 80% des créatrices ressentent des symptômes de burnout, rapport ARCOM : 2,3 millions de mineurs français fréquentent des sites pornographiques chaque mois, interviews exclusives de créatrices ayant quitté ces plateformes, révélant les mécanismes d’exploitation, documentaires spécialisés sur les “agences” et leurs pratiques douteuses, témoignages de professionnels de la santé mentale sur l’impact psychologique, loi SREN du 21 mai 2024 et ses implications pour la régulation des plateformes, Conseil d’État : décisions récentes sur la vérification d’âge, CNIL : recommandations pour la protection des données personnelles, étude Sciences Po sur le cyberharcèlement et le travail sexuel, Le Monde, Journal Métro, BBC Afrique : enquêtes approfondies sur les dérives, blogs spécialisés dans l’analyse des plateformes numériques, reportages vidéo d’investigation sur YouTube